vendredi 16 juin 2017

Kambayi/Beni, encore une prison attaquée

Une série d’attaques des prisons se poursuit en RDC. Apre celle de  Makala, Kasangulu… c’est le tour de la Kangbayi à Beni. Lors de ces opérations, les assaillants armés tuent les militaires et policiers commis à la garde avant de libérer les détenus. Selon différentes sources, derrière ces évasions se cachent trois manouvres : un complot de l’opposition pour asphyxier le régime, un montage du pouvoir pour retarder les élections et en fin, un désengorgement de ces maisons carcérales devenues pléthoriques.
 
photo tiers_prison centrale de Kangbayi/beni

C’est le dimanche 11 juin en cours à partir de 15 heures locales que détonnent des armes lourdes et légères vers Beu, la commune qui abrite la prison centrale de Kambayi/Beni. Le voisinage de la prison confirme le fait: « les assaillants sont très nombreux. Ceux qui sont vêtus en tenue militaires sont venus tranquillement se faisant passer pour les éléments de l’armée loyaliste avant d’ouvrir subitement le feu sur les gardiens. Ensuite, sous les cris de guerre, les autres meneurs habillés en tenue civile sont venus cassés le portail principal, libérant ainsi les prisonniers», relate  M. K., un habitant.

Dans la prison, le jour suivant, seules 43 détenus sont restés, (nombreux sont rentrés volontairement) sur 935 qui étaient logés dans cette maison carcérale avant l’assaut. Dans le couloir, s’éparpillent les assiettes, casseroles et habits. Et au coin, sont assis quelques vieillards, malades qui n’ont pas réussi à s’évader. «Après une heure de marche, ces rebelles nous ont dit de choisir librement entre suivre avec eux le sentier qui mène à leur campement et fuir chacun selon sa direction. Des condamnés à peine de mort civiles, FARDC et miliciens dont Maïmai et ADF sont allés avec ces assaillants dans la forêt », me chuchote l’un de rendus. Comme ce dernier, environ 30 n’ont pas fui car purgeront leur peine d’ici là.
                          
Sabotage ou montage
Pour justifier cette énième évasion en RD Congo, les acteurs politiques de la majorité ou de l’opposition et les activistes de droits humains s’entraccusent. Pour la Majorité présidentielle, c’est un acte de sabotage de la part de l’opposition car celle-ci s’insurgent contre le prolongement du mandat du président de la République, Joseph Kabila, expiré depuis le 19 Décembre dernier sur le plan Constitutionnel. Mécontents, les membres de l’opposition insécurisent le pays, attaquant ainsi les maisons carcérales afin d’inciter le peuple à un soulèvement populaire. Avis partagé par Nyonyi Bwanakawa, maire de la ville de Beni et fervent du PPRD qui a affirmé devant la presse le 12 Juin 2017 que « l’attaque de Kangbayi a été planifiée par l’opposition ».
                                                               
Par contre, libérer les prisonniers frise également un montage de la Majorité présidentielle dans le but de ralentir la machine électorale, pensent des activistes de droits humains. L’ONG Convention pour le respect des droits humains (CRDH) par exemple, révèle que « l’armée y était arrivée avec un grand retard ! Et jusque-là, elle ne nous a présenté aucun otage. Ces bandits sont-ils des démons pour disparaitre après avoir tué 11 de nos éléments commis à la garde ? Voilà une mise en scène du pouvoir qui tend à créer une panique général pour ralentir le processus électoral», dénonce Jean-Paul Ngahangondi, coordonnateur national de CRDH/Beni. 

Une façon de désengorger les prisons
A l’espace de 30 jours seulement, des prisons sont vidés par les bandits lourdement armés dans différentes provinces à travers le pays. Il s’agit notamment de la prison de Makala à Kinshasa, de Kasangulu, à une cinquantaine de Kilomètres de Kinshasa… et en enfin de Kangbayi à Beni à l’Est de la RDC. Certes, toutes ces prisons étant devenues pléthoriques, ces évasions restent une bonne stratégie de désengorgement : Kangbayi par exemple ne devrait abriter que 250 détenus ; et Makala pouvait contenir seulement1500 et non 7400 locataires qu’elle comptait déjà jusqu’au 17 Mai dernier, date de l’évasion : « c’est que les prisonniers ont opté pour la fuite, surtout que vie qu’ils menaient dans kanbgayi était inhumaine », déclare Kizito Bin Hangi, président de l’ASADHO/Beni, en ajoutant que  pour l’instant serait d’adjoindre aux messages politiciens, une prévention pour que l’autre prison ne soit pas attaquée.
                                                                                                         Mustapha Mulonda