Une série d’attaques des prisons se poursuit en RDC. Apre celle de Makala, Kasangulu… c’est le tour de la
Kangbayi à Beni. Lors de ces opérations, les assaillants armés tuent les militaires
et policiers commis à la garde avant de libérer les détenus. Selon différentes
sources, derrière ces évasions se cachent trois manouvres : un complot de
l’opposition pour asphyxier le régime, un montage du pouvoir pour retarder les
élections et en fin, un désengorgement de ces maisons carcérales devenues
pléthoriques.
C’est le dimanche 11 juin en cours à partir de 15 heures
locales que détonnent des armes lourdes et légères vers Beu, la commune qui
abrite la prison centrale de Kambayi/Beni. Le voisinage de la prison confirme
le fait: « les assaillants sont très
nombreux. Ceux qui sont vêtus en tenue militaires sont venus tranquillement se
faisant passer pour les éléments de l’armée loyaliste avant d’ouvrir subitement
le feu sur les gardiens. Ensuite, sous les cris de guerre, les autres meneurs
habillés en tenue civile sont venus cassés le portail principal, libérant ainsi
les prisonniers», relate M. K., un
habitant.
Dans la prison, le jour suivant, seules 43 détenus sont
restés, (nombreux sont rentrés volontairement) sur 935 qui étaient logés dans
cette maison carcérale avant l’assaut. Dans le couloir, s’éparpillent les
assiettes, casseroles et habits. Et au coin, sont assis quelques vieillards,
malades qui n’ont pas réussi à s’évader. «Après
une heure de marche, ces rebelles nous ont dit de choisir librement entre
suivre avec eux le sentier qui mène à leur campement et fuir chacun selon sa
direction. Des condamnés à peine de mort civiles, FARDC et miliciens dont
Maïmai et ADF sont allés avec ces assaillants dans la forêt », me
chuchote l’un de rendus. Comme ce dernier, environ 30 n’ont pas fui
car purgeront leur peine d’ici là.
Sabotage
ou montage
Pour justifier cette énième évasion en RD Congo, les
acteurs politiques de la majorité ou de l’opposition et les activistes de
droits humains s’entraccusent. Pour la Majorité présidentielle, c’est un acte
de sabotage de la part de l’opposition car celle-ci s’insurgent contre le
prolongement du mandat du président de la République, Joseph Kabila, expiré
depuis le 19 Décembre dernier sur le plan Constitutionnel. Mécontents, les
membres de l’opposition insécurisent le pays, attaquant ainsi les maisons
carcérales afin d’inciter le peuple à un soulèvement populaire. Avis partagé
par Nyonyi Bwanakawa, maire de la ville de Beni et fervent du PPRD qui a
affirmé devant la presse le 12 Juin 2017 que « l’attaque de Kangbayi a été planifiée par l’opposition ».
Par contre, libérer les prisonniers frise également un
montage de la Majorité présidentielle dans le but de ralentir la machine
électorale, pensent des activistes de droits humains. L’ONG Convention pour le
respect des droits humains (CRDH) par exemple, révèle que « l’armée y était arrivée avec un grand retard ! Et
jusque-là, elle ne nous a présenté aucun otage. Ces bandits sont-ils des démons
pour disparaitre après avoir tué 11 de nos éléments commis à la garde ?
Voilà une mise en scène du pouvoir qui tend à créer une panique général pour
ralentir le processus électoral», dénonce Jean-Paul Ngahangondi,
coordonnateur national de CRDH/Beni.
Une façon
de désengorger les prisons
A l’espace de 30 jours seulement, des prisons sont vidés
par les bandits lourdement armés dans différentes provinces à travers le pays.
Il s’agit notamment de la prison de Makala à Kinshasa, de Kasangulu, à une
cinquantaine de Kilomètres de Kinshasa… et en enfin de Kangbayi à Beni à l’Est
de la RDC. Certes, toutes ces prisons étant devenues pléthoriques, ces évasions
restent une bonne stratégie de désengorgement : Kangbayi par exemple ne
devrait abriter que 250 détenus ; et Makala pouvait contenir seulement1500
et non 7400 locataires qu’elle comptait déjà jusqu’au 17 Mai dernier, date de l’évasion :
« c’est que les prisonniers ont opté
pour la fuite, surtout que vie qu’ils menaient dans kanbgayi était
inhumaine », déclare Kizito Bin Hangi, président de l’ASADHO/Beni, en
ajoutant que pour l’instant serait
d’adjoindre aux messages politiciens, une prévention pour que l’autre prison ne
soit pas attaquée.
Mustapha Mulonda