mercredi 18 mai 2016

Lumumba : non à la manipulation des radios

L’activiste Paluku Sindani Lumumba s’indigne de la manipulation des radios par les politiciens à Béni au Nord-Kivu, à l’Est du pays. A la veille des élections, ces derniers s’accaparent de plus en plus les médias pour être réélus.
Lumumba en pleine emission

Ces dernier temps, pour des raisons électoralistes, les radios locales n’éclairent presque plus l’opinion publique sur le profil d’un candidat idéal, car ces médias sont déjà confisqués par les élus nantis. Pourtant, un accès libre et égalitaire aux médias est une des conditions pour que l’on qualifie une élection de libre et impartiale.
J’ai interviewé Paluku Sindani « Lumumba » (surnommé ainsi pour son militantisme). Ce jeune activiste ne cesse de dénoncer cette prise en otage des radios locales par les politiciens.
Pourquoi t’intéresses-tu aux émissions électorales éducatives ?
Lumumba : Etant instruit, je me suis donné le travail de combattre le mal. Ce mal est caractérisé par le fait que les radios, au lieu d’émanciper la population sur les questions électorales, accordent leurs temps de paroles aux élus locaux qui tentent de se faire réélire pour les prochaines élections de 2016.
Pourquoi es-tu inquiet de cette propagande politicienne ?
Lumumba : Je ne suis pas seulement inquiet… Je suis nerveux, parce que 80% de nos élus locaux sont démagogues. Cela fait plusieurs années qu’ils sont élus. Ils passent leurs vacances parlementaires en Occident avec leurs familles oubliant ainsi la base. C’est maintenant à la veille des élections qu’ils rentrent en faisant beaucoup de bruit. Ils vantent les dons qu’ils font aux écoliers et la réhabilitation de quelques avenues, ponts… A mon avis, restituer leur bilan au Parlement serait l’idéal pour que la population puisse se rendre compte de leurs activités.
En tant qu'analyste politique, pourquoi les médias sont-ils ainsi manipulés selon toi ?
Lumumba : Les médias privés, d’ailleurs nombreux dans notre pays, ne sont pas subventionnés par notre gouvernement. Pour survivre, ils se courbent devant les donations des nantis, dont les députés. « La main qui donne est toujours supérieur à celle qui reçoit », dit-on. Ces radios étant redevables, manipulent la population au profit de ces donateurs qui ont déjà postulé pour les prochaines élections.
Cette prise en otage des radios a-t-elle des conséquences sur le bon déroulement des élections ?
Lumumba : Oui! Non seulement la population reste dans l'ignorance mais les nouveaux candidats aux prochaines échéances électorales sont étouffés. Ils n’ont pas les moyens pour acheter les espaces médiatiques. Résultat, ils n’ont pas la chance de véhiculer leurs projets de société auprès des habitants.
En tant qu’activiste, tu es confronté aux mêmes difficultés. Réussis-tu à relever le défi ?
Lumumba : Difficilement. J’ai réussi à décrocher une émission gratuite dans l’une des radios de la place. Désormais, j’ai un espace où défilent les nouveaux candidats pour présenter leur projet de société. Aussi, je discute avec les jeunes dans les rues et dans des universités autour de l’utilité de voter pour un bon candidat afin de barrer la route à ceux qui donnent des cadeaux.
La population a besoin de changement. J’encourage d’autres activistes à rejoindre Lumumba dans cette lutte afin de combattre les manipulations auxquelles font face les électeurs. Votons pour un projet de société et méfions-nous des cadeaux et des manipulations ethniques.
Mustapha Mulonda




lundi 16 mai 2016

Une rescapée des ADF témoigne

(https://wazaonline.com/fr/wazavote-rdc/une-rescapee-des-adf-temoigne)Le rebelles ougandais des forces démocratiques alliées (ADF) commettent de nombreuses exactions dans la région de Béni. Meurtres, pillages, les ADF kidnappent aussi des filles mineures qu’ils transforment en esclaves sexuelles.

(Ph. Kudra Maliro) Après les tueries
Je me rends à l’hôpital général d’Oicha, chef-lieu du territoire de Béni où sont soignées gratuitement les victimes des affres de cette rébellion. Je rencontre une trentaine de filles. Elles sont en majorité enceintes ou avec des enfants en bas âge. Elles sont maigres et tristes. Le médecin responsable me chuchote: « ces fillettes se sont échappées des mains des ADF ».
Le kidnapping de Kahindo
Kahindo est une femme courageuse. Elle a accepté de répondre à mes questions; épreuve difficile et gênante mais qu'elle parvient à surmonter... Son récit est entrecoupé de pleurs. Mais le monde doit savoir ce qui se passe dans cette région du Congo.
En mai 2014, alors qu’elle cultivait un champ à Mayi-Moya, Kahindo a été kidnappée avec sa tante paternelle par les ADF. « Après quatre jours de marche dans une forêt dense, ma tante était vraiment fatiguée. L’un d’eux, un Bakata (égorgeur, le nom donné aux ADF), lui a demandé si elle voulait se reposer. Elle a accepté et il l’a alors abattu à coups de machette », raconte-t-elle les yeux rougis par les armes.
Mariée de force
Une fois arrivée à destination, Kahindo rejoint plusieurs captifs, hommes, femmes et enfants, dans un petit campement. « J’ai été mise dans un cachot pendant dix jours avant qu’ils me marient de force à Afande Kabuga (officier Kabuga), un homme plus âgé que mon père. J’avais vraiment envie de mourir. Je ne pouvais pas supporter de partager un lit avec ce monstre ».
L'évasion
Mais un jour, Kahindo réussit à déjouer la vigileance de son bourreau qui avait un peu trop abusé de la boisson. Elle s’échappe donc du camp mais les gardiens en alerte lui tirent dessus. « J’ai été touchée et je me suis évanouie. Après un moment, j’ai repris connaissance et j’ai compris que j’étais encore en vie ». Elle traverse à pied « le triangle de la mort », cette zone forestière comprise entre Mbau, Kamango et Eringeti, bastion des ADF dans la région. « Après deux jours d’errance dans les bois, je suis sortie par la route principale. Là, un véhicule m’a transporté jusqu’à l’hôpital ». Kahindo est arrivée mi-mars 2016, enceinte de son bourreau. Une femme de plus mettra au monde un enfant issu d’un viol, un enfant qui comme tant d'autres risque d'avoir du mal à s'intégrer dans la société.
Je lance un signal d’alerte à la communauté internationale et à notre gouvernement pour qu’une stratégie concrète soit mise en place pour libérer nos filles et amorcer des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes pour que cesse définitivement les kidnappings à l’Est du Congo.
                                                                                              Mustapha Mulonda


jeudi 12 mai 2016

Jules Shungu : «même le président de la république est sapologue »


Cette icône de la musique congolaise est morte sur scène à Abidjan, micro à la main, comme un militaire sur la ligne de front pendant sa prestation au festival de FEMUA, organisé par le groupe Magic system le 24 Avril 2016.

Jules Shungu Wembadio
(Photo tiers)
Pene Kikumba, c’est le nom authentique de l’artiste musicien « Papa Wemba ». Né à Lubefu le 14 juin 1949, dans l’actuelle province de Sankuru. Papa Wemba est considéré comme l’un des piliers de la rumba congolaise et l’icône de la musique à travers le monde.
Utile pour les congolais, ce patriarche de la Roumba congolaise est l'un decréateurs de religion Kitendi, la Sapologie, cette résilience permettant au congolais de rester propres et bien habillés malgré la famine, le chômage, la guerre... Bref, la souffrance imposée aux congolais durant des décennies...
Même à Beni où les ADF/Nalu tuent et égorgent la paisible population, la population a pleuré cette star qui n’a cessé de réconforter les sinistrés à rester fort. Dans« Lisoloya couloir » Papa Wemba, le Pakala dia kuba 100%star a dévoilé malignement où va le monde, l’Afrique ; la RD Congo… «Nous vivons dans un monde sans loi comme à l’époque des dinosaures… là le grand bouffe le petit… ». Et comment s’en sortir? Vieux Kourou dit : « Kotikelamutu temps te», comme pour dire, travaille sans relâche et sans jamais baisser la garde. Raison pour laquelle les artistes musiciens de Beni viennent de rendre hommage à ce grand artiste en chantant «Ainsi soit-il! Papa wembaakei (Papa wemba est parti)», un single dans lequel ils reconnaissent la valeur culturelle léguée au pays par ce talent.

La mort de Jules ou la récupération politicienne
La sapologie à des adeptes dans la classe politique en RDC. En commençant par le Président de la République, les gouverneurs, les ministres, les députés …Bref, tout le monde presque est sapologue. Le cas concret c’est lorsque Joseph Kabila ou Julien Paluku se tient debout devant son homologue rwandais ou ougandais…le choix est clair à un jury averti de choisirun meilleur mannequin.
Certes, le constat fait aux cérémonies funèbres prouve que c’est à la mort de l’artiste que les politiciens ont compris que c’est grâcece dernier qu’ils sont toujours chics et présentables aux yeux de tous. Ainsi, ils ont été au premier rang à l’aéroport et à l’église ce 4 mai 2016 pour la messe de requiem.
Par contre, les habitants de Matonge, un quartier de Kinshasa où Papa wemba a débuté sa carrière presque dans le néant, sans appui de qui que ce soit, manifestent un mécontentement. Bendo Son, l’un des musiciens de Viva la Musica(l’ochestre du feu Wemba) est consterné : « après l’enterrement, je ne pense pas que ces politiciens continueront à soutenir la famille biologique et son orchestre… Papa voulait être indépendant. Malgré la maladie il était obligé d’aller bosser pour subvenir à ses besoins, voire l’auto-prise en charge médicale », dit-il, pendant l’émission Karibuvariété de la RTNC/Kinshasa.
Mustapha Mulonda