(https://wazaonline.com/fr/wazavote-rdc/une-rescapee-des-adf-temoigne)Le
rebelles ougandais des forces démocratiques alliées (ADF) commettent de
nombreuses exactions dans la région de Béni. Meurtres, pillages, les ADF
kidnappent aussi des filles mineures qu’ils transforment en esclaves sexuelles.
(Ph. Kudra Maliro) Après les tueries
Je me rends à l’hôpital général d’Oicha,
chef-lieu du territoire de Béni où sont soignées gratuitement les victimes des
affres de cette rébellion. Je rencontre une trentaine de filles. Elles sont en
majorité enceintes ou avec des enfants en bas âge. Elles sont maigres et
tristes. Le médecin responsable me chuchote: « ces fillettes se sont
échappées des mains des ADF ».
Le kidnapping de Kahindo
Kahindo est une femme courageuse. Elle a
accepté de répondre à mes questions; épreuve difficile et gênante mais qu'elle
parvient à surmonter... Son récit est entrecoupé de pleurs. Mais le monde
doit savoir ce qui se passe dans cette région du Congo.
En mai 2014, alors qu’elle cultivait un
champ à Mayi-Moya, Kahindo a été kidnappée avec sa tante paternelle par les
ADF. « Après quatre jours de marche dans une forêt dense, ma tante était
vraiment fatiguée. L’un d’eux, un Bakata (égorgeur, le nom donné aux ADF), lui
a demandé si elle voulait se reposer. Elle a accepté et il l’a alors abattu à
coups de machette », raconte-t-elle les yeux rougis par les armes.
Mariée de force

Une fois arrivée à destination, Kahindo
rejoint plusieurs captifs, hommes, femmes et enfants, dans un petit campement.
« J’ai été mise dans un cachot pendant dix jours avant qu’ils me marient de
force à Afande Kabuga (officier Kabuga), un homme plus âgé que mon père.
J’avais vraiment envie de mourir. Je ne pouvais pas supporter de partager un
lit avec ce monstre ».
L'évasion
Mais un jour, Kahindo réussit à déjouer la
vigileance de son bourreau qui avait un peu trop abusé de la boisson. Elle
s’échappe donc du camp mais les gardiens en alerte lui tirent dessus. « J’ai
été touchée et je me suis évanouie. Après un moment, j’ai repris connaissance
et j’ai compris que j’étais encore en vie ». Elle traverse à pied « le
triangle de la mort », cette zone forestière comprise entre Mbau, Kamango
et Eringeti, bastion des ADF dans la région. « Après deux jours d’errance dans
les bois, je suis sortie par la route principale. Là, un véhicule m’a
transporté jusqu’à l’hôpital ». Kahindo est arrivée mi-mars 2016, enceinte
de son bourreau. Une femme de plus mettra au monde un enfant issu d’un viol, un
enfant qui comme tant d'autres risque d'avoir du mal à s'intégrer dans la
société.
Je lance un signal d’alerte à la
communauté internationale et à notre gouvernement pour qu’une stratégie
concrète soit mise en place pour libérer nos filles et amorcer des poursuites
judiciaires contre les auteurs de ces crimes pour que cesse définitivement les
kidnappings à l’Est du Congo.
Mustapha
Mulonda
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire