dimanche 4 septembre 2016

Le sourire est synonyme de la force

Mustapha Mulonda: les enfants forts de Eringeti
Je me suis rendu la semaine passée à Eringeti avec un ami journaliste de Kyodo News : Takagi. Là, à des Km au nord de Beni, la population continue à être égorgée par l’ADF
J’ai aimé une attitude parmi toutes, les enfants du coin restent positifs, souriants. Un signe de défaite pour ceux-là qui endeuillent ces enfants qui restent forts.
Takagi et moi en train d'interviewé un élement FIB/Monusco à Eringeti


Vous pouvez tout ravir à ces futurs dirigeants, sauf leur sourire…
Beni : les jeunes réclament la fin du bain de sang ! 
(Habari RDC)La population est en colère et la ville de Beni vit des émeutes depuis mi-août. Les jeunes qualifient le gouvernement de démissionnaire, car il est incapable de sécuriser la population qui ne cesse d’être lâchement massacrée !  Retour sur la journée de mercredi.
Ph. Tiers: quand la jeunesse s'enflamme...
La ville de Beni, à l’est de la RDC est sous les tirs dès mercredi matin 17 août. Les habitants en colère ont pris d’assaut toute la ville ! Ils déchirent les drapeaux des partis politiques de la majorité présidentielle.
Dispersés par les balles réelles de la police, les manifestants rejoignent les quartiers, où ils continuent à traquer les éléments de la police avec des projectiles à la main. J’assistai à un chaos !  
C’est comme s’il ny avait plus de loi dans la ville. Dans différents quartiers, les jeunes se livrent à la justice populaire. Devant moi, dans le quartier de la cité-belge, un présumé ADF est brûlé vif. Je me sens incapable de stopper cet acte barbare commis par ces jeunes enragés. L’un deux me dit : « nous devons nous prendre en charge, parce que nous sommes abandonnés par les autorités du pays ».
« Un gouvernement démissionnaire »
Les échauffourées sont parties de la mairie de Beni où Evariste Boshab, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur voulait organiser des rencontres avec les leaders communautaires et ceux de la société civile. Il tentait ainsi de récolter des informations à propos du carnage de samedi 13 août. 
J’ai compté personnellement 36 corps à la morgue de l’hôpital général, ce jour-là. En pleine séance, les manifestants sont venus saboter cette réunion. Pourquoi ce sabotage ? Comme les manifestants, je qualifie d’inopportune et de routinière la présence de ces leaders politiques dans la zone. Les tueries ont débuté en 2014 et après chaque carnage, le président de la République, Joseph Kabila ou ses délégués, viennent adresser un message de « pole » (condoléances) aux victimes au lieu de restaurer la paix !
Des politiciens hués
C’est trop ! Nous avons besoin d’une action concrète pouvant mettre fin à ce bain de sang. Sinon, la thèse du collectif de l’opposition de la ville de Beni qui qualifie le gouvernement de démissionnaire sera confirmée. Un ras-le-bol qui explique pourquoi dans la soirée du 16 août, devant toute sa délégation le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été hué par la population.

Mustapha Mulonda

« J’ai tué deux personnes », un ancien des ADF témoigne

Ph. Tiers: Beni en pleur après l'action des "Batshindja"
Le jeune Kasereka Sindani, la trentaine, est un ancien otage des ADF. Après une formation accélérée, il devient « égorgeur » dans les rangs de cette milice qui a de nouveau endeuillé la ville de Beni dans la soirée du samedi 13 août. Ils ont décapité à la machette et à la hache des citoyens.Kasereka Sindani raconte ici comment il est devenu « Batshindja », un égorgeur qualifié.  
Kasereka Sindani a été capturé après des tirs croisés entre l’armée congolaise (FARDC) et les ADF. C’est ainsi, qu’il a réussi à quitter ce groupe terroriste pour se retrouver entre les mains des autorités.
Le jeune homme aurait été kidnappé en juin dernier pendant qu’il entretenait sa rizière à Mangolikene. Un village situé à environ 7 km à l’Est de la ville de Beni. Il est ensuite emmené dans le parc national des Virunga où est érigé le maquis de la milice.  
Après trois mois de formation dans la brousse, Kasereka Sindani devient alors égorgeur. Ses supérieurs lui avaient appris à tuer. « Ils nous montraient les parties du corps où l’on devait frapper pour donner la mort… Ma première expérience, c’était le récent massacre de Rwangoma ! » 
« Je n’avais pas le choix »
Après la théorie, Kasereka Sindani doit passer à la pratique  et faire ses preuves. Il est obligé de tuer pour la première fois… « Je n’avais pas le choix. En cas de refus, la mort s’en suivait. Cette soirée-là, j’ai tué deux personnes. Une femme et un homme », témoigne-t-il sans montrer le moindre remord.  
Faudra-t-il le condamner aussi ?
Après cette attaque macabre à Beni par les ADF, certains suspects sont attrapés par les services de sécurité parmi lesquels figurent des hommes, des enfants mais aussi des femmes. Beaucoup d’habitants de Beni en colère étaient prêts à les lapider. Personnellement, je pense que rien ne se résout par la violence, même envers les auteurs présumés de ces crimes atroces. C’est à la justice de faire son travail et de décider ce qu’il adviendra d’eux. 
Ph. Mustapha Mulonda/ Sindani parle de son histoire devant la presse
Mais la situation à l’Est est complexe. Certains, soulèvent la complicité du gouvernement qui entretiendrait l’insécurité au pays pour élargir son mandat. 
Mais ce ne sont que des rumeurs alors voyons la réalité en face et apportons une solution ! Quant à la communauté internationale, elle ne doit pas aussi rester si impuissante et silencieuse face à cette série de massacres. 1000 personnes lâchement abattues ! C’est trop, beaucoup trop… 

Mustapha Mulonda

Rashidi Amuri, l’un des délégués de la ville de Beni lance un SOS pour la fin de bain de sang dans sa contrée

Discours du CT Rashidi Amuri au Festival Umoja grands Lacs est intéressant pour le retour de la paix à  l'Est de la RD Congo et à Beni en particulier.
Rashidi quitte le podium après son discours
Mes dames et messieurs, distingués invités, chers participants à la présente cérémonie d’ouverture officielle du festival « Umoja grands lacs » ; Qu’il nous soit permis de rendre grâce à notre Dieu créateur, maître de temps et de circonstance. Celui-là même qui a permis à ce que nous nous retrouvions à pareille heure et en cet endroit.
Nos remerciements s’adressent particulièrement à l’ASBL A FUTURE FOR ALL »,  organisatrice de ce festival pour voir pensé à la jeunesse de Beni en nous adressant cette invitation.
Mes dames et messieurs, distingués invités, la réalité de Beni, c’est celle que vous suivez matin, midi et soir sur les médias traditionnels et les réaux sociaux.
En effet,  c’est depuis octobre 2014 que Beni ville et territoire  sont devenus le terrain de massacres comptant parmi les pires de l’histoire récente de la République Démocratique du Congo.
Plus de mille personnes ont été tuées et de dizaines de milliers ont fui leurs foyers. Si en Irak, en France, aux Etats Unis d’Amérique, au Nigeria, au Cameroun,  au tchad…, les actions terroristes sont revendiquées par leurs acteurs, ceux qui tuent à Beni le font sous un silence extraordinaire.  Ils ont certes compris que cette stratégie reste payante pour eux car elle plonge tout le monde dans une confusion.
La population civile dépassée par les événements suspecte les FARDC et les services de sécurité, les accusant de complicité ou de faiblesse face à l’ennemi.   
En réaction, les Fardc engagées sur la ligne de front au nom de leur sacrifice  national accusent à leur tour les populations civiles de jouer le jeu de l’ennemi.
Les acteurs des massacres de Beni multiplient donc les actions terroristes pour opposer la population à son armée. Face au risque de voir la collaboration civilo- militaire se détériorée, il est du devoir de chacun d’encourager la complicité entre les FARC et les populations.
Les efforts sont certes fournis par les autorités du pays pour neutraliser les groupes rebelles ADF, présumés auteurs de ces crimes, il reste cependant beaucoup à faire pour le retour d’une paix durable à Beni et environs.
 Les tueries se poursuivent et les victimes sont généralement coupées à la machette et autres armes blanches par ces rebelles qui opèrent à petits groupes pour s’apprendre lâchement aux populations civiles. Voila pourquoi la population de Beni a besoin d’une solidarité tant nationale, régionale, qu’internationale. C’est ici pour nous l’occasion de saluer la compassion exprimée par les habitants de Bukavu vis-à-vis des victimes de massacre de Beni en mobilisant les dons en vivre et  non vivre en leur faveur.
L’histoire retiendra ce geste fraternel qui décourage ceux qui pensent que la balkanisation de la RDC est une chose facile. Au contraire, la RDC restera une et indivisible.

 Les révélations faites par certains présumés ADF qui comparaissent à Beni devant la cour militaire opérationnelle du Nord Kivu renseignent que les auteurs de ces massacres sont recrutés aussi bien au Rwanda, en Ouganda, au Burundi, en Tanzanie qu’en République Démocratique du Congo. La plupart d’entre eux sont recrutés sur base du mensonge car trompés qu’ils font suivre les études coraniques à Médine alors qu’ils prenaient la direction de Beni où ces terroristes avaient déjà installé leur base opérationnelle qu’ils ont alors baptisé Médine.
  
Pour finir, nous saisissons cette occasion pour appeler la jeunesse de la sous-région des grands lacs à la sensibilisation de nos dirigeants respectifs sur la nécessité de faire une paix collectives. C’est-à-dire, une paix au Rwanda au Burundi et en RD Congo. C’est dans la paix que nous garderons notre diversité culturelle.
Que vive le festival Umoja grands lacs, que vivent les organisateurs, que vive la ville de Bukavu, que vive la sous-région des grands lacs.
                                                       

Discours du CT Rashidi Amuri publié par Mustapha Mulonda

Festival Umoja Grands Lacs, à la recherche de l’unité dans la région de grands lacs

«A Future for all», une organisation sans but lucratif vient de lancer ce 27 Août 2016, le festival umoja grands lacs. Cette activité réunie les jeunes de la région dont la RDC le Rwanda et le Burundi. Cet espace interculturel encourage la participation de la jeunesse dans la consolidation de la paix et l’amélioration de la communication sociale dans la sous région de grands lacs.
Groupe Sikilika de Goma_Nord kivu sur scène 
Ici au Collège d’iBanda, dans la commune du même non. Les jeunes s’amusent au rythme de la paix. Ils chantent, dansent l’« Intore» du Rwanda ou la roumba congolaise sans tenir compte des origines tribales ou ethniques.
Mustapha Mulonda et les festivaliers

Ce festival qui s’est clôturé le 1 septembre 2016 a été riche également en exposition-vente d’œuvres d’art, projection des films, conférences débats, danses folkloriques, tambours, défilé de miss…
Certes, le festival Umoja Grands lacs a été clôturé sous une émotion surtout que les délégués venus des pays de grands lacs formaient déjà une famille et leur relation était sympathique.
Cette attitude a démontré que c’est encore possible de cohabiter pacifiquement malgré les tentions politique qui déchirent la région. Les participants ont par conséquent compris que les divisions interethniques et la xénophobie constituent un instrument qui régresse de plus en plus le développement en Afrique où la majorité de la population demeure pauvre.
A qui profite cette division interethnique?

Coference-debat
Lors des conférences-débats, les avis restent diversifiés à propos de la source de division dans nos pays. Les uns disent que cela dépend des compatriotes qui vivent la méfiance les uns contre les autres à causes des guerres. Et les autres doigtent les politiciens: « nous devons rester uni.et surtout nous devons éviter de nous concentrer uniquement aux discours politiques qui cherchent à se tailler leur popularité résultant de la division interethnique», révèle Mademoiselle Chantal, la coordonatrice de l’organisation A future for all.

Au regard de la situation sécuritaire précaire à Beni où la population continue à être tuée par les rebelles ADF/NALU, la Division provinciale de la jeunesse du Sud-Kivu a profité de cette occasion pour inciter la communauté internationale à cesser d’être impuissante face à ce bain de sang dans cette partie de la RD Congo.

Mustapha Mulonda

samedi 18 juin 2016

La mode, c’est aussi un sacrifice

J’ai rencontré un jeune qui, pour être élégant, il a coupé son pantalon. C’est la mode qui s’impose : « j’ai coupé pour me distinguer de ceux-là qui achètent ce look dans le magasin, je suis unique à mon genre», dit-il.
Ph. Mustapha
 Un style pourtant envié par la jeunesse mais par contre, il est  assimilé à tort ou à raison au banditisme.
Ph. Mustapha
C’est complique ! Ce garçon a sacrifié son pantalon qu’il a acheté pourtant à 7.000 FC soit 7.3$.
                                                                                                                       Mustapha Mulonda

Mavuno veut l’indépendance des agriculteurs

Mavuno, une organisation agricole invite les agriculteurs locaux à rester indépendants  tout en évitant les dons. Cette indépendance permettra à ces derniers de combattre la famine dans leur contrée envahie par la malnutrition
Ph. Mustapha
J’ai apprécié le travail fourni par Mavuno ce 17 juin 2016. Cela, après avoir découvert différents produits agricoles sur une étendue de 9ha  que cette organisation a mis à la disposition des agriculteurs locaux à Bunzi, une contrée située à une dizaine de kilomètre de la ville de Beni. Ce champ est utile pour ce milieu où la zone de santé a signalé une malnutrition et une pauvreté depuis un bon moment. 

Ph. Mustapha
 Paluku Tasi, responsable de Pamoja Tunaendelea (ensemble nous progressons), l’une des associations partenaires de Mavuno est satisfait de la récolte pour cette saison culturale: « tout au début nous cultivions dans nos parcelles jusqu’à ce que Mavuno est venue louer pour nous cet espace qui nous permet aujourd’hui grâce à nos récoltes des tomates, aubergines, choux…, de nourrir, de  soigner et de scolariser nos familles sans assez de difficultés », fait-il savoir.
Ph. Mustapha
Présent sur le lieu, Cyrile Muongolo, Chef de cellule provinciale  Protection et défense des végétaux en ville de Beni, encourage cette initiative qui, selon lui, permet la production et la consommation locale : « cette initiative permettra de générer non seulement le revenu dans le milieu mais aussi elle est une occasion qui pourra combattre le chômage dans notre milieu. Aussi, elle nous permettra d’éviter la fuite des capitaux surtout quand nous importons presque tout ».
Ph. Mustapha

Pour David Masomo, Directeur de Mavuno, sa structure ne donne pas les dons en vivre comme la plupart des organisations : «  Mavuno veut aider les agriculteurs à rester indépendants, à développer leur milieu».
Pour finir, David recommande au gouvernement de sécuriser la  ville, surtout l’axe nord de Beni (fief des ADF), afin de permettre aux agriculteurs de vaquer librement à leurs champs.                                                                                                           Mustapha Mulonda                                                 

mercredi 18 mai 2016

Lumumba : non à la manipulation des radios

L’activiste Paluku Sindani Lumumba s’indigne de la manipulation des radios par les politiciens à Béni au Nord-Kivu, à l’Est du pays. A la veille des élections, ces derniers s’accaparent de plus en plus les médias pour être réélus.
Lumumba en pleine emission

Ces dernier temps, pour des raisons électoralistes, les radios locales n’éclairent presque plus l’opinion publique sur le profil d’un candidat idéal, car ces médias sont déjà confisqués par les élus nantis. Pourtant, un accès libre et égalitaire aux médias est une des conditions pour que l’on qualifie une élection de libre et impartiale.
J’ai interviewé Paluku Sindani « Lumumba » (surnommé ainsi pour son militantisme). Ce jeune activiste ne cesse de dénoncer cette prise en otage des radios locales par les politiciens.
Pourquoi t’intéresses-tu aux émissions électorales éducatives ?
Lumumba : Etant instruit, je me suis donné le travail de combattre le mal. Ce mal est caractérisé par le fait que les radios, au lieu d’émanciper la population sur les questions électorales, accordent leurs temps de paroles aux élus locaux qui tentent de se faire réélire pour les prochaines élections de 2016.
Pourquoi es-tu inquiet de cette propagande politicienne ?
Lumumba : Je ne suis pas seulement inquiet… Je suis nerveux, parce que 80% de nos élus locaux sont démagogues. Cela fait plusieurs années qu’ils sont élus. Ils passent leurs vacances parlementaires en Occident avec leurs familles oubliant ainsi la base. C’est maintenant à la veille des élections qu’ils rentrent en faisant beaucoup de bruit. Ils vantent les dons qu’ils font aux écoliers et la réhabilitation de quelques avenues, ponts… A mon avis, restituer leur bilan au Parlement serait l’idéal pour que la population puisse se rendre compte de leurs activités.
En tant qu'analyste politique, pourquoi les médias sont-ils ainsi manipulés selon toi ?
Lumumba : Les médias privés, d’ailleurs nombreux dans notre pays, ne sont pas subventionnés par notre gouvernement. Pour survivre, ils se courbent devant les donations des nantis, dont les députés. « La main qui donne est toujours supérieur à celle qui reçoit », dit-on. Ces radios étant redevables, manipulent la population au profit de ces donateurs qui ont déjà postulé pour les prochaines élections.
Cette prise en otage des radios a-t-elle des conséquences sur le bon déroulement des élections ?
Lumumba : Oui! Non seulement la population reste dans l'ignorance mais les nouveaux candidats aux prochaines échéances électorales sont étouffés. Ils n’ont pas les moyens pour acheter les espaces médiatiques. Résultat, ils n’ont pas la chance de véhiculer leurs projets de société auprès des habitants.
En tant qu’activiste, tu es confronté aux mêmes difficultés. Réussis-tu à relever le défi ?
Lumumba : Difficilement. J’ai réussi à décrocher une émission gratuite dans l’une des radios de la place. Désormais, j’ai un espace où défilent les nouveaux candidats pour présenter leur projet de société. Aussi, je discute avec les jeunes dans les rues et dans des universités autour de l’utilité de voter pour un bon candidat afin de barrer la route à ceux qui donnent des cadeaux.
La population a besoin de changement. J’encourage d’autres activistes à rejoindre Lumumba dans cette lutte afin de combattre les manipulations auxquelles font face les électeurs. Votons pour un projet de société et méfions-nous des cadeaux et des manipulations ethniques.
Mustapha Mulonda




lundi 16 mai 2016

Une rescapée des ADF témoigne

(https://wazaonline.com/fr/wazavote-rdc/une-rescapee-des-adf-temoigne)Le rebelles ougandais des forces démocratiques alliées (ADF) commettent de nombreuses exactions dans la région de Béni. Meurtres, pillages, les ADF kidnappent aussi des filles mineures qu’ils transforment en esclaves sexuelles.

(Ph. Kudra Maliro) Après les tueries
Je me rends à l’hôpital général d’Oicha, chef-lieu du territoire de Béni où sont soignées gratuitement les victimes des affres de cette rébellion. Je rencontre une trentaine de filles. Elles sont en majorité enceintes ou avec des enfants en bas âge. Elles sont maigres et tristes. Le médecin responsable me chuchote: « ces fillettes se sont échappées des mains des ADF ».
Le kidnapping de Kahindo
Kahindo est une femme courageuse. Elle a accepté de répondre à mes questions; épreuve difficile et gênante mais qu'elle parvient à surmonter... Son récit est entrecoupé de pleurs. Mais le monde doit savoir ce qui se passe dans cette région du Congo.
En mai 2014, alors qu’elle cultivait un champ à Mayi-Moya, Kahindo a été kidnappée avec sa tante paternelle par les ADF. « Après quatre jours de marche dans une forêt dense, ma tante était vraiment fatiguée. L’un d’eux, un Bakata (égorgeur, le nom donné aux ADF), lui a demandé si elle voulait se reposer. Elle a accepté et il l’a alors abattu à coups de machette », raconte-t-elle les yeux rougis par les armes.
Mariée de force
Une fois arrivée à destination, Kahindo rejoint plusieurs captifs, hommes, femmes et enfants, dans un petit campement. « J’ai été mise dans un cachot pendant dix jours avant qu’ils me marient de force à Afande Kabuga (officier Kabuga), un homme plus âgé que mon père. J’avais vraiment envie de mourir. Je ne pouvais pas supporter de partager un lit avec ce monstre ».
L'évasion
Mais un jour, Kahindo réussit à déjouer la vigileance de son bourreau qui avait un peu trop abusé de la boisson. Elle s’échappe donc du camp mais les gardiens en alerte lui tirent dessus. « J’ai été touchée et je me suis évanouie. Après un moment, j’ai repris connaissance et j’ai compris que j’étais encore en vie ». Elle traverse à pied « le triangle de la mort », cette zone forestière comprise entre Mbau, Kamango et Eringeti, bastion des ADF dans la région. « Après deux jours d’errance dans les bois, je suis sortie par la route principale. Là, un véhicule m’a transporté jusqu’à l’hôpital ». Kahindo est arrivée mi-mars 2016, enceinte de son bourreau. Une femme de plus mettra au monde un enfant issu d’un viol, un enfant qui comme tant d'autres risque d'avoir du mal à s'intégrer dans la société.
Je lance un signal d’alerte à la communauté internationale et à notre gouvernement pour qu’une stratégie concrète soit mise en place pour libérer nos filles et amorcer des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes pour que cesse définitivement les kidnappings à l’Est du Congo.
                                                                                              Mustapha Mulonda


jeudi 12 mai 2016

Jules Shungu : «même le président de la république est sapologue »


Cette icône de la musique congolaise est morte sur scène à Abidjan, micro à la main, comme un militaire sur la ligne de front pendant sa prestation au festival de FEMUA, organisé par le groupe Magic system le 24 Avril 2016.

Jules Shungu Wembadio
(Photo tiers)
Pene Kikumba, c’est le nom authentique de l’artiste musicien « Papa Wemba ». Né à Lubefu le 14 juin 1949, dans l’actuelle province de Sankuru. Papa Wemba est considéré comme l’un des piliers de la rumba congolaise et l’icône de la musique à travers le monde.
Utile pour les congolais, ce patriarche de la Roumba congolaise est l'un decréateurs de religion Kitendi, la Sapologie, cette résilience permettant au congolais de rester propres et bien habillés malgré la famine, le chômage, la guerre... Bref, la souffrance imposée aux congolais durant des décennies...
Même à Beni où les ADF/Nalu tuent et égorgent la paisible population, la population a pleuré cette star qui n’a cessé de réconforter les sinistrés à rester fort. Dans« Lisoloya couloir » Papa Wemba, le Pakala dia kuba 100%star a dévoilé malignement où va le monde, l’Afrique ; la RD Congo… «Nous vivons dans un monde sans loi comme à l’époque des dinosaures… là le grand bouffe le petit… ». Et comment s’en sortir? Vieux Kourou dit : « Kotikelamutu temps te», comme pour dire, travaille sans relâche et sans jamais baisser la garde. Raison pour laquelle les artistes musiciens de Beni viennent de rendre hommage à ce grand artiste en chantant «Ainsi soit-il! Papa wembaakei (Papa wemba est parti)», un single dans lequel ils reconnaissent la valeur culturelle léguée au pays par ce talent.

La mort de Jules ou la récupération politicienne
La sapologie à des adeptes dans la classe politique en RDC. En commençant par le Président de la République, les gouverneurs, les ministres, les députés …Bref, tout le monde presque est sapologue. Le cas concret c’est lorsque Joseph Kabila ou Julien Paluku se tient debout devant son homologue rwandais ou ougandais…le choix est clair à un jury averti de choisirun meilleur mannequin.
Certes, le constat fait aux cérémonies funèbres prouve que c’est à la mort de l’artiste que les politiciens ont compris que c’est grâcece dernier qu’ils sont toujours chics et présentables aux yeux de tous. Ainsi, ils ont été au premier rang à l’aéroport et à l’église ce 4 mai 2016 pour la messe de requiem.
Par contre, les habitants de Matonge, un quartier de Kinshasa où Papa wemba a débuté sa carrière presque dans le néant, sans appui de qui que ce soit, manifestent un mécontentement. Bendo Son, l’un des musiciens de Viva la Musica(l’ochestre du feu Wemba) est consterné : « après l’enterrement, je ne pense pas que ces politiciens continueront à soutenir la famille biologique et son orchestre… Papa voulait être indépendant. Malgré la maladie il était obligé d’aller bosser pour subvenir à ses besoins, voire l’auto-prise en charge médicale », dit-il, pendant l’émission Karibuvariété de la RTNC/Kinshasa.
Mustapha Mulonda



jeudi 28 avril 2016

Ibra : Enfant soldat,son rêve a tourné au cauchemar !

Pour renforcer leurs troupes, les rebelles des forces démocratiques alliées (ADF) se font passer pour des Imans ou hommes d’affaires et ainsi enrôler les enfants. Ils promettent aux parents une scolarité gratuite pour leurs enfants en Occident ou au Moyen-Orient. Aussitôt cédés, ces derniers sont amenés dans la forêt dense comme miliciens.
Photo Mustapha Mulonda
Je suis allé à la rencontre d’Ibra, un ancien enfant soldat, pour m’imprégner des mensonges dont sont victimes les familles qui cèdent volontairement leurs enfants à l’organisation rebelle ADF, d’origine ougandaise, en RDC. Un groupe terroriste actif dans le territoire de Béni au Nord-Kivu.
D’après le témoignage de ce jeune, je pense que les ADF possèdent des ramifications dans toute la région, particulièrement au centre-ville de Béni, où celui-ci m’a confié qu’il aperçoit de temps en temps des enrôleurs de cette rébellion. Ces derniers ont pour mission de manipuler les responsables des familles jusqu’à livrer leurs enfants. Tout cela, à l’insu de nos agents de renseignements.
Comme d’autres parents, le père d’Ibra l’avait volontairement cédé entre les mains d’un soi-disant, El hadj Hussein, au teint brun et barbu. Il a promis d’amener le petit à Médine pour les études coraniques. «C’était en 2005. Je n’avais que neuf ans», confie-t-il.
Un eldorado devenu un enfer
Aussitôt recrutés, les jeunes montent à bord d’un véhicule luxueux, qui se dirige vers l’aéroport de Mavivi. Localité située à 12 km de Béni. Et subitement la direction change.
Ces derniers sont acheminés dans la brousse où ces kidnappés font environ huit jours et autant de nuits de marche avant d’arriver à « Madina » et au « Canada »… leurs campements, ainsi qualifiés par les « Afande » ou officiers de ce mouvement armé.
C’est de cette façon, qu’Ibra et ses amis chrétiens qui espéraient aller vivre l’eldorado au Canada. Tous habitants d’Oicha, village situé à une vingtaine de kilomètres de Béni, ont été enrôlés.
Musulman, Ibra voulait devenir Imam. Mais son rêve a tourné au cauchemar. Il est devenu tueur et kidnappeur. « Après deux ans de formation, j’étais capable de manipuler le fusil ». Avec ses amis, leur mission était de sécuriser les butins pendant les braquages des véhicules. Aussi, ils pouvaient  se fondre dans la population civile comme des enfants ordinaires dans le but de récolter les informations auprès de la force loyaliste.
« J’en ai assez de la vie sauvage »
Fatigué de cette vie sauvage, Ibra s’échappe en décembre 2014, lors d’un accrochage entre leurs factions et l’armée. Il se rend au programme de démobilisation et réinsertion sociale des anciens combattants de la Monusco pour réintégrer la vie civile. Agé de 21 ans, aujourd’hui, Ibra n’a pas perdu l’espoir de vivre. Il est taximan-moto de la place et mène une vie modeste à côté de sa femme et de son fils d’un an.
Certes, le gouvernement doit respecter l’article 12 de la Constitution qui garantit l’égalité et la protection de tous devant la loi. Il doit tout faire pour secourir nos fils et nos filles, nos petits frères et nos petites sœurs qui croupissent encore dans les forêts. En plus de voler leur enfance, ces derniers sont considérés comme boucliers de guerre et meurent sans cause, sous les tirs des forces armées de la RDC.  
Mon souci est de voir un jour tous les jeunes qui vivent en captivité de retourner à une vie afin qu’ils soient utiles pour la communauté à l’instar d’Ibra.

Mustapha Mulonda

mardi 26 avril 2016


A dieu Papa Wemba !

Photo tiers



 Jules Shungu n’est plus de ce monde !
Cette icône de la musique congolaise est morte sur scène à Abidjan, micro à la main, comme un militaire sur la ligne de front.
Utile pour les congolais, ce patriarche de la Roumba congolaise est l'un de créateurs de religion Kitendi, la Sapologie, cette résilience permettant au congolais de rester prepre et bien habillés malgré la famine, le chômage, la guerre... Bref, la souffrance imposée aux congolais durant des décennies...
Mustapha Mulonda